Texte rédigé par le Collectif montpelliérain pour la liberté, la démocratie et la solidarité avec la Catalogne, dans son appel à la mobilisation le 2 décembre 2017.
En vérité la Catalogne est à moins de 200Km, à moins de deux heures de Montpellier. Barcelone, à 3h 30 à peine… et cela nous semble être si loin…Pourtant le constat est vite fait et devrait nous toucher plus que ce que nous constatons parmi nous, autour de nous : les événements récents qui s’y sont déroulés sont d’une extrême gravité.
La Catalogne est une région progressiste. Ces citoyens veulent que leur terre soit terre d’accueil ; qu’on arrête de soumettre les intérêts des citoyens aux profits des grands lobbies ; qu’on leur laisse appliquer des politiques pour protéger les plus pauvres ; éduquer dans la pluralité et la pensée critique. Ils sont très conscients que tout ceci n’est pas possible en Espagne car elle est gouvernée, depuis trop longtemps, par un parti conservateur, néolibéral, chrétien, homophobe, le plus corrompu d’Europe.
Cette région possède ses propres structures d’Etat. Elle a accepté d’être une Autonomie après la répression et la persécution des Catalans républicains par le régime franquiste. Elle a bien essayé de trouver un compromis entre 2006 et 2010 pour réaménager cette Autonomie régionale et avoir plus de souveraineté pour appliquer des politiques sociales, économiques et environnementales uniques dans toute l’Espagne. Cependant, le Tribunal Constitutionnel Espagnol a déclaré inconstitutionnelle cette proposition de renouvellement juridique.
Pendant que les affaires de corruption et de détournement de fonds publics, même des fonds européens, ont servi à financer des campagnes électorales du parti de Rajoy, le désir de la Catalogne de s’émanciper d’un Etat chroniquement corrompu continue d’augmenter. De l’exigence d’un nouveau cadre juridique dans l’Etat espagnol, elle est passée à demander un référendum d’autodétermination. Un référendum qui a été immédiatement décrété illégal. Cependant, les partis politiques catalans élus par suffrage universel en 2015, l’ont organisé quand même car ceci était leur promesse électorale. Le 1er Octobre 2017, 10 000 effectifs de la police nationale ont frappé violemment des personnes innocentes qui sont allées voter à ce référendum « illégal ».
Le seul moyen que l’Espagne a utilisé pour résoudre ce problème a été la violence et la judiciarisation de la politique. Le parti de Rajoy a appliqué un article, le 155, qui lui a permis de mettre sous tutelle le gouvernement et de dissoudre le parlement catalan, de mettre en examen des professeurs d’école, humoristes et journalistes qui parlaient de ce conflit, de bloquer des sites web, de censurer la télévision catalane et ils ont eu la honteuse initiative de menacer le gouvernement catalan d’une guerre civile. La justice espagnole, de son côté, a incarcéré la moitié des ministres du Govern et les deux leaders des associations indépendantistes. Comme l’a exprimé un juriste espagnol, il s’agit là « du premier état d’exception instauré par une démocratie ». Dangereux précédent dont nous devrions méditer la portée quand l’on voit le soutien unanime que les gouvernements de l’Union Européenne, avec en pôle position Emmanuel Macron, ont apporté à Mariano Rajoy.
Voilà quelques unes des raisons pour lesquelles nous vous appelons à manifester votre solidarité avec le peuple catalan en lutte pour ses droits politiques. Il faut briser le mur de l’indifférence qui prévaut encore trop en France sur cette question car ce qui se joue en Catalogne sud nous concerne tous et toutes, concerne nos propres libertés politiques. La démocratie en Europe, et pas seulement en Espagne, donne des signes inquiétants pour l’avenir … de la démocratie.
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Leur combat est le nôtre !