Le Musée Picasso de Paris présente, jusqu’au 29 juillet 2018, l’exposition « Guernica » qui retrace l’histoire du symbolique tableau. Le CDR Paris veut souligner le caractère antifranquiste, antifasciste et pacifiste de l’oeuvre, et le mettre en relation avec la situation actuelle de la démocratie espagnole. Retour sur la réflexion de notre comité:
« La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements, c’est un instrument de guerre offensif et défensif contre l’ennemi. »
En choisissant Guernica (qu’il peint à Paris du 1er mai au 4 juin 1937) comme sujet du tableau que lui a commandé le Gouvernement républicain espagnol pour l’Exposition universelle de Paris de 1937, Picasso signe un acte politique. Ce tableau dénonce le bombardement, le 26 avril 1937, pendant la Guerre civile espagnole, de Gernika, la ville sacrée des Basques, par l’aviation de la Légion Condor envoyée par Hitler et Mussolini afin de soutenir l’action des troupes nationalistes putschistes qui cherchaient à renverser la République espagnole. L’ordre est donné par le haut commandement franquiste. Comme le dit Picasso, « La guerre d’Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Dans le panneau auquel je travaille et que j’appellerai Guernica et dans toutes mes oeuvres récentes, j’exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l’Espagne dans un océan de douleur et de mort ».
Le Comité de Défense de la République catalane à Paris profite de cette exposition pour dénoncer la répression exercée par l’État espagnol contre le peuple catalan. Aujourd’hui, le gouvernement espagnol a criminalisé le mouvement indépendantiste pourtant majoritaire au Parlement de Catalogne : tous les membres du Gouvernement catalan, l’ancienne présidente de son Parlement et les leaders des associations ANC et Òmnium, qui avaient organisé de façon pacifique le Référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, ainsi que toutes les manifestations qui ont eu lieu jusqu’à ce jour, se trouvent soit en prison préventive, soit en attente d’un jugement dont on ignore la date, soit en exil.
De par son caractère transversal et non violent, la République catalane est devenue la voie la plus convaincante de remise en question d’un gouvernement espagnol corrompu, aux racines franquistes, incapable d’établir un dialogue politique et faisant appel à la violence et à la répression pour résoudre le conflit. Picasso dénonçait cette même idéologie il y a plus de 80 ans. Dans son testament, ouvert à sa mort en 1973, il avait écrit « Guernica appartient au peuple espagnol, auquel il ne sera rendu que quand celui-ci ’aura récupéré les libertés qui lui ont été arrachées’ ». La politique en a décidé autrement.