Le président du Parlement de Catalogne, Roger Torrent, vient d’annoncer qu’il ajournait la session plénière d’investiture, mais qu’il ne suspendait pas celle-ci. « Je ne tolérerai aucune ingérence dans la souveraineté du Parlement et j’irai jusqu’au bout », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse extraordinaire. Roger Torrent a ajouté qu’il s’était engagé à défendre l’immunité de Carles Puigdemont, ainsi que tous ses droits et qu’il ne pensait présenter aucun autre candidat au poste de Président de la Generalitat (gouvernement de la Catalogne). « Ce Parlement investira le candidat choisi par la majorité des députés catalans et non par le Tribunal constitutionnel espagnol », a-t-il affirmé.
Discours de Roger Torrent, Président du Parlement de la Catalogne :
Je me présente aujourd’hui devant vous après plusieurs jours au cours desquels l’Etat espagnol a montré l’un de ses visages les plus sombres du point de vue de la démocratie.
Tout d’abord, le Gouvernement espagnol passe outre les décisions du Conseil d’Etat et contrevient à la loi par une récusation préventive (de la candidature de Carles Puigdemont) sans fondements juridiques ; puis la décision du Tribunal constitutionnel (espagnol) qui s’est réuni en urgence, ce week-end, non pour décider s’il admettait la recevabilité de la récusation préventive, rôle qui lui incombe, mais bien pour fixer des conditions à l’investiture de Carles Puigdemont, ce que personne, pas même le Gouvernement espagnol ne lui avait demandé. C’est-à-dire que le Tribunal constitutionnel, sans aucune demande préalable dans ce sens, dicte au Bureau d’un Parlement élu démocratiquement la façon dont celui-ci doit interpréter son propre Règlement : une décision politique ad hoc prise par une institution qui devrait être un arbitre constitutionnel, une décision de compromis pour ne pas désavouer un Gouvernement espagnol qui a contrevenu à la loi.
Par cette décision, le Gouvernement espagnol et le Tribunal constitutionnel (espagnol) cherchent à porter atteinte aux droits de millions de Catalans et de Catalanes qui sont allés voter le 21 décembre dernier : cela nous ne pouvons le permettre.
Nous n’accepterons pas qu’on dise que les Catalans et les Catalanes ont mal voter seulement parce qu’ils n’ont pas voté comme (le pouvoir politique central) le voulait. Nous n’accepterons aucune ingérence faite à un Parlement élu démocratiquemet qui a le droit de procéder à l’investiture du Président recueillant le plus de suffrages. Je serai donc plus clair : ni la vice-présidente (du Gouvernement espagnol), ni le Tribunal constitutionnel (espagnol) ne décideront de qui sera le Président de la Generalitat de Catalogne. Ni la vice-présidente (du gouvernement espagnol), ni le Tribunal constitutionnel (espagnol) ne décideront de qui sera le Président. Ce sont aux députés et députées, élus démocratiquement, qu’il incombe de le faire. C’est dans le prolongement de leur volonté majoritairement exprimée que le 22 janvier 2018 que j’ai proposé le Président Carles Puigdemont i Casamajo comme candidat pour l’investiture à la Présidence de la Generalitat. Cette décision n’a été ni prise au hasard ni personnelle, cette décision a été le fruit de la volonté exprimée par la majorité de cette Chambre et tant que cette volonté majoritaire existera, je ne proposerai aucun autre candidat à l’investiture.
Le Président Carles Puigdemont a toute légitimité pour être candidat à l’investiture et il en a tous les droits. C’est précisément pour défendre ces droits que le Président Puigdemont m’a adressé une lettre dans laquelle il me demande protection et où il me demande également d’adopter les mesures nécessaires afin de sauvegarder ses droits et prérogatives en tant que député. Le Président Puigdemont sait que la défense des droits de tous les députés n’est pas seulement une obligation inhérente à ma charge, mais qu’elle est également ma motivation dans l’exercice de ma responsabilité. C’est pourquoi j’ai pris l’engagement personnel de garantir son immunité, comme celle d’ailleurs de tous les députés et de toutes les députées dans l’exercice de leurs droits politiques au Parlement de la Catalogne;
Dans ce sens, j’ai demandé aux services juridiques de la Chambre que le Parlement présente un recours contre la résolution du Trinunal constitutionnel (espagnol). Prenant en considération la demande du Président Puigdemont de garantir son droit à avoir un débat d’investiture avec des garanties et en même temps pour donner du temps au recours présenté devant le Tribunal constitutionnel (espagnol) par le président de Junts x Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), la session plénière d’aujourd’hui est ajournée, mais en aucun cas annulée.
La session plénière d’investiture du candidat Carles Puigdemont i Casamajo est toujours convoquée et aura lieu dès que nous pourrons assurer un débat d’investiture effectif et avec des garanties, parce que c’est la volonté exprimée par les groupes parlementaires. Cette session s’ajourne également pour garantir le droit du Président Puigdemont à un débat d’investiture effectif et sans ingérence, une investiture reconnue officiellement et avec tous ces effets.
Je m’engage à mettre en place le cadre le plus favorable permettant de garantir la volonté des citoyens exprimée lors des élections et pour que cette volonté puisse s’accomplir. J’invite, dans ce sens, le Tribunal constitutionnel (espagnol) à examiner dans les délais les plus brefs les recours présentés afin de mettre fin à la confusion juridique qu’il a perpétrée pour ne pas désavouer le Gouvernement espagnol.
Je sais quelle est ma responsabilité et je sais quel est mon engagement. J’ai le devoir de protéger la souverainté de ce Parlement contre des ingérences et des attaques anti-démocratiques. Je ne bougerai pas d’un millimètre dans ma défense des droits des députés et députées malgré les menaces que je pourrais recevoir. J’irai jusqu’au bout. J’irai jusqu’au bout pour défendre les droits du Président Puigdemont afin qu’il puisse se soumettre à un débat d’investiture entouré de toutes les garanties. Toute mon énergie sera centrée dans la défense de l’Institution, dans la défense des députés et députées, dans la défense des votants, dans la défense en définitive de l’essence même de la Démocratie, parce que la Démocratie ne se suspend pas.
La volonté majoritaire des Catalans et des Catalanes, exprimée à travers les urnes, est un mandat et ce mandat ne se suspend pas. C’est pourquoi ce Parlement investira le candidat qui a reçu le soutien de la majorité de la Chambre, et non celui qui aura été désigné par un Tribunal ou un ministre dans son bureau à 600 km d’ici. Parce que ce Parlement élu démocratiquement, choisi par les citoyens, représente la souverainté de tout le peuple de Catalogne et cela doit être respecrté. Le peuple de Catalogne mérite d’être respecté.
Merci beaucoup et bonne journée.